Compétences émotionnelles
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5 juillet 2023L’intelligence collective n’est pas compliquée, elle est complexe !
En quoi cette différence est importante ? Traiter l’intelligence collective comme le fait de réaliser un travail collectif, n’est pas connaître le sens de cette intelligence ! Partir du sens pour retrouver l’essence même est parfois nécessaire.
En quoi cette différence est importante ? Traiter l’intelligence collective comme le fait de réaliser un travail collectif, n’est pas connaître le sens de cette intelligence ! Partir du sens pour retrouver l’essence même est parfois nécessaire.
Compliqué : Rendre moins simple en multipliant les composantes. Un avion est devenu compliqué à construire par tout son domaine informatique.
Complexe : Qui vient du latin « complexus » ; « Com-plexus », « com » pour ensemble, avec et « plexus » pour tisser ensemble. Composé d’éléments qui entretiennent des rapports nombreux, diversifiés, difficile à saisir par l’esprit, et présentant souvent des aspects différents. Un être humain est complexe ou la gestion d’une organisation est aujourd’hui devenu complexe par l’environnement, l’incertitude ou encore la globalisation.
Dans un monde occidental qui a longtemps privilégié la compétition et les comportements individualistes, il est étonnant de voir un terme comme Intelligence Collective devenir à la mode et être employé fréquemment dans le monde de l’entreprise et de la politique.
« D’après Gustave Le Bon dans son livre la psychologie des foules (Le Bon,1895), la particularité la plus frappante présentée par un groupe psychologique est que quels que soient les individus qui le composent, quels que soient leurs modes de vie, leurs occupations, leurs caractères, ou leur intelligence, le fait qu’ils forment un groupe les dote d’une sorte d’esprit collectif qui peut les faire ressentir, penser, et agir d’une manière très différente de celle dont chaque individu aurait ressenti, pensé, et agi s’il avait été isolé. »
L’intelligence collective prend aussi appui sur les lois du vivant et des systèmes, dans son livre « L’intelligence Collective », comment l’homme est devenu intelligent, Joseph Henrich nous livre de nombreux exemple, en particulier chez les termites les fourmis et les papillons : « Nos cerveaux collectifs sont le fruit de multiples synergies produites par le partage d’information entre les individus…le degré de connectivité sociale est un puissant facteur dans la production d’une évolution culturelle cumulative – plus puissant encore que l’intelligence de tel ou tel individu…. ».
Edgard Morin prend l’exemple de la pensée complexe «c’est une pensée qui relie en contextualisant, en essayant de comprendre ce que c’est un système. Elle met en lumière l’EMERGENCE, un tout organisé qui n’existe pas dans les parties prises isolément ! C’est un ensemble d’individu qui interagissent les uns avec les autres. L’objet de la pensée complexe n’est pas de détruire l’incertitude mais de la repérer, de la reconnaître, c’est éviter la croyance en une vérité totale »
Cette complexité nous invite à innover, à chercher à coopérer avec d’autres (des intelligences différentes) pour s’adapter à l’environnement : « Pour être efficace, le groupe doit être suffisamment diversifié ». Dans une intervew de 2019, dans le magazine sciencepo, Anne Laure Dumont rappelait déjà que « la complexité est le terreau de l’intelligence collective » !
Face à une vision élitiste de tout parcours vu comme une compétition qui ne tolère qu’un seul gagnant, elle met l’humain et la coopération en son cœur, en suggérant qu’il vaut mieux privilégier la relation, plutôt que le fait d’avoir raison. L’intelligence collective que l’on peut aussi dire du collectif est lié à une intention et à une finalité. Ensemble, on construit un nouveau raisonnement, de nouvelles idées, un nouveau chemin pour atteindre un résultat. Sa mise en œuvre demande un cadre et un processus. L’intelligence collective est une notion simple qui relève de mécanismes complexes.
Qu’est-ce que l’intelligence ?
Déjà, il n’existe pas une intelligence mais des formes d’intelligences. Pour le Larousse : « Ensemble des fonctions mentales ayant pour objet la connaissance conceptuelle et rationnelle » ; en psychologie pour le CNTRL : «Ensemble des fonctions psychiques et psycho-physiologiques concourant à la connaissance, à la compréhension de la nature des choses et de la signification des faits ; faculté de connaître et de comprendre ». En cela, tout le monde est intelligent ! Certains développent davantage une expertise du comment ou du pourquoi (les concepteurs, d’autres celle du faire (les opérationnels) ou celle de l’usage (le client)etc.
« Le tout est supérieur à la somme des parties ». Face à l’hyper contrôle et à toutes les évaluations quantitatives, elle invite à accueillir ce qui émerge et à s’engager au service de sujets qui font vraiment sens pour chacune et chacun d’entre nous, notamment en remettant la notion de bien commun au centre : « La tâche principale de l’esprit est de libérer l’homme de son égo » A. Einstein.
Parfois, l’écart entre le discours des entreprises et les pratiques réelles peut conduire à une intelligence collective de façade. Cela s’observe quand le discours tenu est celui de la coopération mais que les comportements individualistes sont encouragés ce qui conduit à une ambigüité entre coopération et compétition, d’où la notion de « coopétition » (NALEBUFF et BRANDENBURGER, 1996).
Les aides à la pratique collaborative sont multiples. Nombre d’entre elles appellent à l’attitude du manager (prise de conscience de soi et des autres, instaurer la confiance, développer l’intelligence émotionnelle). En effet, c’est sa posture qui pose le climat de travail et rend les outils efficaces. Pourquoi ? Car de son attitude découlent la confiance en soi des collaborateurs, le lâcher-prise et le OSER DIRE. Sans cela, les équipes peuvent se bloquer et les outils ne pourront être efficaces.
Pour compléter, nous pouvons parler de l’intelligence collective comme « un outil au service de l’excellence décisionnelle », après des recherche pour développer l’intelligence collective, Olivier Zara, expert dans la transformation digitale, nous délivre une approche puissante pour gérer les risques décisionnels dans un environnement complexe et incertain : « La mise en synergie des expertises va créer un engagement collectif durable en permettant de courir vite…dans la bonne direction ! »
«La grandeur d’un métier est peut-être, avant tout, d’unir les hommes ». A. De Saint Excupéry
Littérature :
Brechet J.P., Professeur émérite de Sciences de Gestion Université de NANTES
Duckit G., à la recherche des facteurs d’intelligence collective : quelle place pour l’environnement de travail ? 2019-2020
Dumont Laure, facilitatrice en intelligence collective et intervenante notamment au sein du Certificat Leadership et management complexe, nous livre son analyse sur l’évolution de l’approche collective au sein des organisations. Intervew dans sciencepo en mars 2019 :
Henrich J., L’intelligence collective, comment l’homme est devenu intelligent, Les arènes, 2019
Morin E., Introduction à la pensée complexe, Essais, 2014
Morin E., La méthode I et II, 2 tomes de 6 volumes, « La nature de la nature, La vie de la vie, La connaissance de la connaissance, Les idées, L’humanité de l’humanité, l’éthique), Opus seuil, 2008
Morin E., Penser globale, L’homme et son univers, Flammarion, 2021
Zara O., Expert de la transformation digitale, auteur et conférencier, il s’intéresse depuis plus de 20 ans de l’impact du digital dans les entreprises, 8 livres dont « La stratégie du thé » , Le manager digital, Le management de l’intelligence collective (3ème édition) et « l’excellence décisionnelle ».
Définition & web
CNRTL
https://philosciences.com/philosophie-et-societe/17-edgar-morin-complexite